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I N V I T A T I O N   A   L I R E   E T   A   V O I R
Les insectes, source d'inspiration...(1)

 
 
Xavier Canonne Paul Colinet Tom Gutt Marcel Havrenne
Irine (Irène Hamoir) Roger Kerger Paul Magritte Marcel Mariën
Louis Scutenaire Gilbert Senecaut Michel Thyrion Jacques Wergifosse



Tom Gutt

I

adieu

nous ne ferons plus nos devoirs
pas plus qu'hier

assez comme ça
assez

nous n'avons jamais ri comme il faut

madame
vous commencez où je finis

je jette le monde comme un mouchoir

ne me rendez pas mes gestes

vous reviendrez l'oubli revient

dans cette contrée
des montgolfières pendent aux arbres
les arbres perdent la voix
et les enfants mangent des papillons

Couverture: Clins

on fait des tapis avec les buissons

démonte le ciel
avec une clé en cristal de Bohême
ou tes lèvres avec tes lèvres

la mousse des forêts
moisit sous l'escalier des fêtes
c'est la fête

au ciel c'est la forêt c'est ici
rien n'éclate

ici le verre des vitres s'arrête

la tristesse jetait sur nous ses feuilles
on cessait doucement
on n'arrêtatit pas

que voulez-vous nous voulions

mais nous avons rencontré la craie
la craie du temps

nous cachons les bêtes de soie

elles traversent le billard du soir
aux environs de l'aube
ce sont les soeurs du désespoir

elles fuient les filets du foyer
nous les cachons dans nos bois

par principe ou par peur

Tom Gutt, Clins, Le fait accompli 126, Octobre 1974, Les Lèvres Nues.
Illustrations: Claudine Jamagne

Illustrations de C. Jamagne
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Gilbert Senecaut

Sur les dessins que Léonard découvrait dans la mousse des vieux murs, toute l'entomologie fait l'amour.

Gilbert Senecaut, Lord Chandos in A travers le miroir, Le Vocatif n° 106, mai 1976.

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Paul Colinet

Insectes de Java, demoiselles immuables et puces au dos voûté, entremêlent leurs pattes en de silencieux carnages.

Paul Colinet, Le Vocatif n° 167, mai 1978.

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Irine (Irène Hamoir)

Berquinade

Quand je t'ai vue courir
Jambes nues dans la vigne
Je me suis laissé prendre
J'avais pourtant deux jours
A vivre encore
Pique-moi à ton liège et souris
A mes ailes poudrées d'or
A mes antennes qui tremblent
A mes yeux qui acceptent
De mourir pour toujours
Piqué à ton liège jeune fille

Irine, Le Vocatif n° 169, juin 1978.

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Paul Magritte

Tête de mort. Tête d'abeille sauvage à piquer mort... j'ai faim et la serrure est brisée.

Paul Magritte, Les soldats in Les travaux poétiques, Bruxelles 1974.

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Roger Kerger

Le papillon de jour frottait ses ailes l'une contre l'autre pour s'ouvrir au papillon de nuit car entre eux il n'y avait plus cet écran de la fenêtre mais les ailes de la fenêtre que ne pouvait fermer aucune épingle de sûreté.

Roger Kerger, Le petit chaperon rouge - 1985.

L'épure du papillon
calque dans le soleil
et sur une même feuille de salade
le même papillon

Roger Kerger, Le timbre de la goutte de lait - La Table des Champs 1980.

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Michel Thyrion

On ne dit pas : «Tiens, un militaire !» comme on dit : «Tiens, un papillon !».

Michel Thyrion, Monsieur J à l'armée, Bruxelles 1964-1965.

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Xavier Canonne Le Fol amour

Xavier Canonne, Le Fol amour, 1987.

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Marcel Havrenne

Il est constant qu'une fourmi obèse nous frappe moins qu'un éléphant maigre.

Je voudrais être celui-là qui attrape les mouches avec un filet de vinaigre, - et cet autre encore qui taille dans une pièce de toile à ramages un rideau d'arbres plein d'oiseaux.

Marcel Havrenne, Du pain noir et des roses, Edition des Artistes - George Houyoux éditeur, Collection de la Tarasque 1957, Belgique (Avant-propos de Jean PAULHAN).

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Marcel Mariën

L'araignée se fâche sur la mouche qui rompt sa toile, ainsi l'âme change en poison les superbes crimes perpétrés par le corps.

Marcel Mariën, Héraclitorismes, Les Lèvres Nues - Bruxelles 1979.

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Louis Scutenaire

L'homme est aussi mal fait pour comprendre la femme que le paléontologue les fossiles, l'entomologiste les insectes, le piscilogue les poissons, l'herpétologue les reptiles l'amphibologue les batraciens, le mammalogue les mammifères, l'ornithologue les oiseaux, et le podologue les pieds.

Louis Scutenaire, Lunes rousses, Le Dilettante - Paris 1987 (Avant-propos de Frédéric DARD).

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Louis Scutenaire

La fausse Grêle
II peut être dangereux désormais de confier à un hôtel de campagne votre voiture pour qu'elle soit mise au garage. Ainsi arriva-t-il à un de mes amis d'être pris, plusieurs jours après cette halte apparemment fortunée, d'être pris sous une pluie terrifiante comme il en arrive entre Padoue et Vérone. Des mini-gouttes tombaient du plafond de la voiture dont il avait pourtant fermé le toit ouvrant. Il avait eu lors de sa halte fortunée le malheur d'avoir sa voiture garée dans une remise campagnarde, fort encombrée de machines agricoles diverses. Le hasard des importations y avait fait s'installer une colonie de termites. De ces insectes on ignore généralement la plasticité de mutation. À force de rôder sur de monstrueux tracteurs armés de lames et aussi sur les socs des charrues, la colonie mutante avait pris goût à se nourrir de métal plutôt que de bois. On dit même qu'elles apprécient non seulement la texture métallique des carrosseries, mais aussi les peintures qui les couvrent.

Jacques Wergifosse, La chute des feuilles, Histoires (1986-1997) in Oeuvre (presque) complète - Tome 3 - Bruxelles 2001.

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